Page:Raymond Clauzel L'Ile des femmes 1922.djvu/215

Cette page n’a pas encore été corrigée
205
l’île des femmes

raison, comme vous dites. Quant à la volonté divine, permettez-moi de vous dire qu’elle n’oriente que les âmes. Les corps lui sont indifférents. Hélas ! la planète n’est que le cimetière de la vie physique. Vous qui appartenez à l’un des ordres religieux des pays lointains, n’avez-vous pas discipliné votre existence selon des règles qui n’ont rien à voir, semble-t-il, avec l’empirisme naturel ?

Pour l’instant, le Père Loumaigne préférait se renseigner plutôt que de mener à fond le débat ouvert par le savant vénusien. Passant outre à ce qui venait d’être dit, il voulut poursuivre son enquête.

— Mais enfin, questionna-t-il encore, ce culte de Vénus ?

— Ne vous y trompez pas, coupa le recteur, il ne s’agit pas du culte aphrodisien de la déesse antique. Nous n’adorons ici que la mère, la gouvernante des hommes en sa divine beauté ! Un tel culte, vous le savez, plonge ses racines dans la plus reculée des traditions humaines.

Ce colloque avait lieu dans une vaste loggia de bignones. Le capitaine Le Buric, front fermé, regardait les volutes bleues de sa pipe ; maître Onésime intarède, absolument conquis à la civilisation de l’Insula femina, sortait de plaisir sa langue rose et approuvait le recteur avec des hochements de tête satisfaits.

Tête nue, ses larges pieds bien appuyés au sol,