Page:Raymond Clauzel L'Ile des femmes 1922.djvu/210

Cette page n’a pas encore été corrigée
200
l’île des femmes

passant près d’eux, leur chant eut une vibration plus sensible, comme un redoublement de mystérieuse ferveur. Les Marseillais entendaient le frôlement des voiles, le rythme des pas sur le sentier, et des effluves délicatement parfumées rendaient virginale leur respiration.

Lorsque toute la théorie des vierges fut dans le temple, une jeune vestale courut vers les Marseillais. S’adressant au naturaliste, elle dit :

— Homme, la prêtresse vous attend sur le seuil du temple.

— Mon Père, suivez-moi, fit Onésime Pintarède en relevant sa longue taille mécanique.

Une femme vénérable, aux cheveux blancs, attendait sur les degrés du temple.

Les deux Marseillais s’inclinérent profondément.

— Quel est cet homme ? demanda la prêtresse en montrant le Père Loumaigne.

Pintarède bredouilla son commencement d’explication. Le Père Loumaigne le relaya sans tarder.

— Je mets, dit-il, mon humble respect aux pieds de Votre Seigneurie altissime. Je suis un homme des pays lointains, naufragé en même temps que vos hôtes et recueilli par les Vénusiennes de l’autre camp.

— Comment êtes-vous entré ici ?

— En avicella.

— Pourquoi ?

— Pour la paix de l’île et pour l’amour de Dieu.

— Vous êtes prêtre, dans votre pays ?