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l’île des femmes

— Il faut que le front touche presque à terre, indiqua Lycisca.

— Bien ! répondit le Père, et ensuite…

— Ensuite, reprit maître Pintarède, il est à supposer que la prêtresse me questionnera. Je répondrai par un léger petit mensonge.

— C’est-à-dire ? demanda froidement le Père.

— Que nous vous ayons rencontrés par hasard, vous et votre amazone. Ensuite et afin que je ne m’embrouille pas trop dans mes explications, il faudra vous hâter de prendre la parole pour dire l’objet de votre mission ici. Je parlerai français ; faites comme moi. La prêtresse sera ravie. Ouf ! chut, voici les premières robes blanches.

Lycisca était était déjà prosternée. Le Buric croula sur les genoux en homme habitué, Pintarède ploya rapidement ses jambes échassières. Seul, calme et grave, le Père Loumaigne tira un chapelet de sa soutane. Agenouillé à son tour à côté de Lycisca, il reprit l’oraison interrompue.

Les vierges, des jeunes filles de seize à dix-huit ans, arrivaient par deux sous leurs voiles innocents, si belles de jeunesse candide et de céleste beauté humaine, que le Jésuite lui-même en ressentit comme un transport d’admiration. Elles tenaient sur la poitrine, soit un thyrse, soit une gerbe de fleurs blanches ou pâlement roses. Aucune ne détourna ses regards vers les hommes prosternés dans le lierre, à quelques pas du sentier. Mais en