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l’île des femmes

— Le capitaine exagère, fit Onésime Pintarède. Il y a partout des arrangements avec le ciel, même dans cette île vénusienne où les femmes non amazones ou prêtresses sont de bonne grâce, ou, en tout cas, de charmante compagnie.

— Vieux païen ! vieux paillard ! s’écria le Père en riant, tant il était ravi d’avoir retrouvé ses compagnons.

Un chant, une mélopée lente, de récitations, interrompit le colloque des Marseillais.

Lycisca courut vers le Père.

— La théorie des vierges vient déposer ses offrandes fleuries aux pieds de la Vénus matinale.

Maître Onésime Pintarède dit alors rapidement :

— Hier soir, une amazone nous a prévenus secrètement de votre présence ici. La prêtresse conduisant ce matin la procession des vierges est l’une de celles qui règnent sur la section du Collège des savants dont je fais partie, la section des nations étrangères. C’est une chance pour vous. Elle parle le français. Chaque jour, je tiens conversation avec elle dans notre langue. Elle a maintenant un bon accent.

— Et l’açent de Marseille, té, mon bon ! goguenarda Le Buric.

— Quand la procession passera, reprit le naturaliste, il faudra tous nous mettre à genoux, et vous l’anigousse, ajouta-t-il en regardant le capitaine avec un amical courroux, vous aurez soin de rentrer votre affreuse pipe.