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l’île des femmes

une étreinte qui se produisit dès qu’ils se furent rejoints.

Le Père Loumaigne venait de retrouver maître Onésime Pintarède et le capitaine Le Buric.

Reculant un peu, en râclant des sandales, ses deux bras toujours tendus, le Père profès s’écria jovialement :

— Ma parole, vous avez l’air, l’un et l’autre, de moines fainéants ! Êtes-vous gras, florissants, reposés !…

— Oui, fit Le Buric en cognant le fourneau de sa pipe sur l’ongle de son pouce, oui, ce naufrage de malheur nous a assez bien réussi.

— Quelle allégresse ! mon cher collègue, intervint Onésime Pintarède, lorsque nous avons su hier soir que vous étiez sauvé aussi, avec notre chevalier et ce brave lieutenant de Tamarix ! Sacrédié ! votre surprise doit être grande. Vous ne vous attendiez certainement pas à nous voir débusquer soudain de ce sentier.

— Je savais depuis quelques jours que les Vénusiennes vous avaient recueillis, répliqua le Révérend. Le chevalier et moi en avons éprouvé un soulagement indicible.

En quelques mots, le capitaine Le Buric narra comment le naturaliste et lui, accrochés à un coffre de l’étrave, avaient flotté jusqu’à la côte où une patrouille de cavalières les fit prisonniers.

— Nous nous croyions perdus, d’après ce qu’avait