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l’île des femmes

— Avec moi qui vous ai tant rudoyée. Vous auriez pu me haïr…

Pour toute réponse, Lycisca laissa fuir un regard de reproche. Puis elle dit doucement :

— J’ai aimé votre force, ensuite l’ineffable protection de votre bonté…

— Et moi, repartit vivement le Père, j’aime bien davantage encore en vous, mon enfant, l’oubli de l’injure et l’amitié de votre cœur, de votre cœur chrétien sans le savoir, puisqu’il rend le bien pour le mal, ainsi que nous a commandé de faire le fils de Dieu et le fils de l’Homme, notre divin maître Jésus-Christ. Pourtant, je suis soucieux. Mon cœur resterait inconsolable si votre dévouement, que j’ai accepté, devenait un sacrifice.

— Ne craignez rien, répondit allègrement l’amazone. Je vous le répète, notre sauvegarde est entièrement assurée dans le cercle de Venus Victrix, pourvu que nous ne commettions aucun sacrilège, que nous honorions la déesse, ne profanions pas ses images, et obéissions pour le reste à l’ordre établi par les prêtresses.

— Parfait, répondit le Révérend. Mais qu’allons nous faire maintenant ?

— Attendre, comme nous l’a prescrit l’amazone hier soir.

Lycisca écoutait, les yeux à demi fermés.

— Pas longtemps, reprit-elle… des pas approchent, par là…

Lycisca se drapa dans son manteau. Secouant les