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VENUS VICTRIX


Ce fut par un sifflotant et roucoulant charivari de volière que la douce Lycisca et le Père Loumaigne se trouvèrent réveillés dans le temple de la Vénus matinale.

Le Père profès sortit le premier, afin de ne pas gêner la jeune amazone qui avait, sans doute, quelques soins à donner à sa beauté, comme toute femme à son lever.

Matin bleu dans les trous des feuillages et tamisé de vert par les hauts bambous noirs, les eucalyptus gigantesques et les palmes étalées. L’odeur végétale était mouillée de rosée. Des gouttelettes irisées tombaient sur les mousses. À la cime des arbres, les oiseaux enivrés chantaient dans le soleil levant. Tête nue, le Père Loumaigne respirait largement. Il ne s’abandonna pas longtemps au monde extérieur, si frais, si renaissant et nouveau autour de lui, bien qu’il fût passionnément sensible à sa poésie. Bientôt, rafraîchi d’air limpide, il rentrait ses regards éblouis. Les mains jointes sur sa bonne santé et tournant inconsciemment autour