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l’île des femmes

entouraient cette fois. Les portes du palais s’ouvrirent. De nouveau enchaînés et affublés de leur chasuble infamante, les deux amants prisonniers durent défiler devant les amazones bruyantes, rassemblées pour jouir du spectacle. Dans le jardin béni, frais de verdure et rutilant de fleurs, le cortège défilait sous les huées. Quand elle se vit engagée dans un chemin tournant qui montait vers le belvédère dominant le magnifique rond-point sculptural du forum militaire, Lydé ne put retenir une sorte de cri angoissé. Dyonis, maintenant très ému, l’interrogea du regard.

— Oh ! oh ! dit seulement Lydé, tournée avec effroi vers la cage de fer qui dominait ce belvédère et où, quelques instants après, Dyonis eut la surprise de se voir enfermé avec sa compagne. Lydé dit alors avec désespoir :

— La cage d’infamie. C’est d’ici que l’on part pour aller au bûcher. Pardonne-moi. Je t’aurai perdu ! ô mon Dyonis au doux nom ! Front penché, elle pleura sur les mains du jeune homme.

La porte verrouillée et deux sentinelles placées, l’une fixe, devant l’entrée, l’autre circulant autour de la cage, l’escorte se retira.

En foule, les amazones bleues de la garde circulaient autour des barreaux, les unes insolentes, d’autres silencieuses et crispées.

Bientôt, presque toutes chantèrent en chœur la chanson de Néera :