Page:Raymond Clauzel L'Ile des femmes 1922.djvu/197

Cette page n’a pas encore été corrigée
187
l’île des femmes

Lydé sourit tristement à l’une des femmes à demi dévoilées, qui lui envoya un baiser discret de la main.

— Mon ancienne turma, dit-elle au chevalier. Elle était bonne et brave et belle. Maintenant, je sais qu’elle est heureuse, qu’elle ne regrette rien. Ses deux hommes sont des peintres de tableaux. Elle les aime bien.

Lydé expliqua alors que les artistes étaient donnés à l’élite des amazones, à raison de deux seulement, tandis que celles de la plèbe recevaient de trois à six hommes, celles des métiers, deux ou trois. Les prêtresses seules avaient le droit de posséder les artistes laurés, c’est-à-dire ceux dont le chef-d’œuvre était admis dans les temples de la Cité de Vénus, ce qui causait parfois de terribles jalousies, quand l’élu appartenait déjà à une ancienne amazone.

Dyonis restait songeur et quelque peu ahuri devant les mœurs bizarres, quasiment inconcevables, qui lui étaient dévoilées. L’amour n’empêchait pas son esprit de travailler, d’ordonner ses remarques ni d’épier avec une impatiente curiosité les secrets de l’Île des Femmes. Aurait-il jamais la réponse à cette question : Comment ces femmes latines ont-elles pu essaimer au fond de l’océan, y établir et maintenir l’étrange matrie ignorée du monde entier ?

— Si tu voyais la cité des mécaniciens, des ajusteurs, et les grands chantiers de l’arsenal maritime,