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l’île des femmes

et anarchique l’enverrait sans doute au bûcher. Mais Dyonis, lui, serait certainement sauvé, comme ses compagnons. Lydé se confiait pour le salut de l’aimé à cet homme de Dieu des pays étrangers, qui avait tant de pouvoirs miraculeux et qui allait approcher la souveraine de l’île.

Le chevalier, lui, ne réalisait point l’idée de leur dangereuse situation. Son insouciance restait radieuse. La main de Lydé palpitait dans la sienne comme un petit oiseau tiède. Son esprit recevait toute la suavité de cette impression. Pour le reste, c’était l’aventure qui continuait, riche en péripéties dont aucune n’obscurcissait l’espoir d’une finale heureuse.

Les prisonniers et leurs gardes suivaient une avenue large sous une double haie de lataniers. De chaque côté, de grands potagers et des jardins de fleuristes, avec leurs maisons basses et longues, sur un même alignement. Des groupes de femmes, enveloppées dans des manteaux bariolés, avec des fichus de couleur sur les cheveux, ouvraient les grilles et regardaient passer les prisonniers. Elles avaient toutes l’allure impérieuse et une grande beauté plastique dans leur stature. Mais l’âge marquait leurs visages bruns et la plupart étaient gagnées par la chair. Dyonis remarqua que ces matrones injuriaient sa compagne à voix basse, tandis qu’elles le regardaient, lui, avec des flammes dans les prunelles. Lydé n’entendait et ne voyait rien.