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l’île des femmes

le péril. De la part de Lydé, cette attitude affirmait un acte de courage d’une provocante fierté. De ce qui était forfaiture, crime, infamie pour les Vénusiennes : l’union d’une amazone avec un homme, bien plus avec un démon des pays lointains, la belle décurione faisait son orgueil à la fois tranquille et provoquant. Sous les regards fauves, mystérieux, peut-être troublés par l’attrait magnétique du sacrilège d’amour, Lydé marchait le front altier, les yeux noyés par son âme éblouie. Tout ce qui pouvait subsister encore en elle de farouche à l’égard du sexe mâle venait d’être définitivement éliminé par l’épreuve. L’homme, l’homme d’amour, maintenant, rayonnait en elle, par l’intercession de Dyonis, comme les flèches du soleil dans la nappe d’eau limpide et matinale. État de grâce ardent où se révélait ce miracle inoui : l’amazone prenant conscience de la femme, de la vraie femme, de la femme invincible qu’elle était devenue. C’était cette créature, maintenant, qui tressaillait dans tout son être et qui faisait lever en elle pour l’homme qu’elle aimait, cette douce sollicitude féminine dont la puissance de dévouement est illimitée.

Le souci qui marquait le front de Lydé était unique : sauver Dyonis de la fureur des Vénusiennes. Certes, devant le tribunal des prêtresses, elle serait reconnue vierge, donc innocente de la profanation condamnée. Mais elle affirmerait son amour pour l’étranger, son désir d’être sa compagne unique, la mère de ses enfants. Cette déclaration subversive