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l’île des femmes

— Entrez, dit-elle, et demeurez là jusqu’au matin. Quand vous entendrez des pas approcher, prosternez-vous au pied de la Vénus matinale, et ne bougez plus. Lorsque la prêtresse vous questionnera, dites que vous venez auprès de la Déesse, de la part de la Bellatrix dea, pour lui parler de la paix de l’Île. On vous conduira au palais. Ensuite, je vous donnerai d’autres indications. Maintenant, salut, car il est temps que je m’éloigne.

Le Père Loumaigne et Lycisca restaient seuls dans le sanctuaire qui sentait l’encens et la cire fondue. Une fine Vénus de marbre rose les regardait, les joues creusées de fossettes comme par un sourire.

Agenouillé, le Révérend Père pria la Sainte Vierge sans être troublé par cette image païenne.

Lycisca vint à ses côtés.

— Mon Père, dit-elle, apprends-moi à prier comme toi.

Mains jointes, la jeune amazone répéta le Pater et l’Ave Maria, et elle crut voir alors une étoile s’allumer au front de la Vénus impudique.

Puis elle s’endormit comme une enfant, sur le tapis du temple, tandis que le Père Loumaigne, envisageant les événements prochains, assis dans une cathèdre de cyprès, s’assurait qu’il possédait toujours, avec la force de l’esprit, la virile pureté de son âme.