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l’île des femmes

procha de Lydé. Le cou tendu, l’oreille aux aguets, la décuria épiait la ligne sinueuse de la crête, maintenant tout proche.

Un froissement d’herbes. Féline, l’amazone en folie enlaçant brusquement Dyonis, chercha sa bouche en haletant. Ses doigts se recourbaient ainsi que des griffes. De sa gorge sortait un susurrement de sirène. Crispation tragique de trois êtres dans le silence et l’immobilité, tout près de l’ennemi. Un bras nu, glissé impérieusement sous le cou de Dyonis, se fermait et ramenait son visage contre une bouche altérée de désir.

Le chevalier se redressa violemment, soulevant la femme nouée à lui.

D’un bond, le glaive nu, Lydé s’était relevée aussi. Alors la folle amazone se rejeta de côté et roula dans l’herbe.

Aussi prompt en son amour que Lydé dans sa colère, le chevalier saisit la décuria par les poignets et, l’ayant ramenée à genoux près de lui, posa la tête sur son épaule en murmurant :

— Il n’y a qu’une bien-aimée : toi !…

Le pressant sur sa poitrine, Lydé dit amèrement :

— Elles sont toutes comme des possédées autour de toi. Tu es tellement l’image révélatrice de l’amour défendu ! Mais, je la tuerai, Syra, je la tuerai. Que n’a-t-elle déjà ma lame en travers du corps ! Cela avertirait les autres.

Elle voulut s’élancer de nouveau vers l’astucieuse. Le chevalier lui dit fort à propos :