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l’île des femmes

la terre chaude, et pourtant n’écoutait, et ne sentait que la grande joie carillonnée et parfumée de son cœur épris. Elle était soulevée et comme emportée par des vagues de bonheur galopantes. Peut-être n’avait-elle pas encore entièrement vaincu à l’égard du sexe masculin cette répulsion irraisonnée qui lui venait de son éducation première. Mais l’image de Dyonis la possédait délicieusement. Nulle résistance. Aucune appréhension. En elle, les longs et profonds tressaillements de la femme à qui la vie se révèle par l’intercession de l’homme et de l’amour. Ah ! dans un instant, si le combat s’engageait, comme Lydé, déjà si réputée pour sa jeune bravoure, saurait se battre et faire le vide autour du bien-aimé ! Divine sollicitude de l’amante qui rend l’homme plus confiant, plus fort et mieux inspiré dans un monde décevant, presque toujours ennemi !

Attentive néanmoins à son rôle, Lydé venait d’élever la main pour faire signe de s’arrêter. La brise nocturne roulait un flot d’aromes. Des bruissements minuscules égratignaient à peine le silence obscurci. L’amazone du trio s’était serrée contre le chevalier. Dyonis sentit son souffle chaud sur l’une de ses mains, puis comme le frôlement de deux lèvres peureusement hardies. Une houle de volupté semblait incliner les chaumes aromatiques. Et deux yeux phosphorescents de femme cherchaient les prunelles du jeune homme, comme pour les violer. D’un coup de reins, Dyonis se rap-