Page:Raymond Clauzel L'Ile des femmes 1922.djvu/183

Cette page n’a pas encore été corrigée
173
l’île des femmes

Lydé l’ « avicella », comme disaient les insulaires, n’était plus qu’un point noir dans le lointain laiteux, du côté du volcan, dont la fumée, à cette heure, s’éclairait d’un rouge de forge. Ainsi, l’appareil suivait une direction opposée à celle de Venusia, but de son voyage.

— C’est une ruse ! expliqua Lydé. L’avicella contournera l’île très haut, puis descendra dans l’enceinte de la Cité de Vénus victorieuse, répétant les signaux lumineux de la flotte vénusienne. Bonne chance ! ajouta-t-elle. Un dernier regard donné à l’avion, elle commanda : À cheval ! en sautant elle-même sur sa monture.

La petite troupe galopante gagna aussitôt la forêt, la décuria, svelte et bondissante, en avant. Déonig au premier rang de la colonne par deux. Le chevalier ne détachait point ses regards de la silhouette équestre de Lydé. Mais les amazones, toutes, n’avaient d’yeux que pour lui. Ainsi la décurie dansante frissonnait toute d’amour.

Après deux longues heures de marche dans la fraîcheur odoriférante de la nuit sylvestre, la troupe de Lydé arriva vers la région des grands arbres aux feuillages légers qui bordent le fleuve d’Émeraude. Un campement militaire se dissimulait là, sous le fourré. La ligne des sentinelles bordait le fleuve. Les chevaux furent laissés à cet endroit, le restant de l’expédition devant s’effectuer à pied. La décurie embarqua sur deux canots à aviron.