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l’île des femmes

vérifié elle-même certains organes de l’appareil, ordonne d’une voix métallique, décidée :

— Embarquons. C’est l’heure !

Preste, elle escalade aussitôt l’oiseau en passant sous les ailes et s’installe, en avant, dans le corselet de métal. Lycisca la suit avec une agilité de jeune mousse et donne ensuite la main au Père Loumaigne qui, à son tour, hisse, et non sans peine, sa « bonne santé » sur le monstre docile dont il fait gémir la membrure.

Ennuyé de rester inactif dans la capoue de Fons Belli, Tamarix cherche néanmoins, pour se consoler, les yeux noirs de Lalagé. Dyonis, lui, palpite comme un jeune héros devant le merveilleux de son aventure.

Dans l’appareil, les têtes des occupants émergent seules au-dessus des ailes tendues. Des amazones de service font écarter les curieuses. Tout à coup, l’oiseau mécanique vibre, s’anime d’un bourdonnement rapide, puis roule avec une vélocité instantanée. Sans qu’on s’en aperçoive, il a perdu terre, d’abord à peine, puis, avant que l’œil ait achevé de percevoir cette première sensation d’enlèvement, l’oiseau rigide vrombit vers les hauteurs inaccessibles. Les regards se lèvent pour le suivre. Il est loin déjà, pareil à un alcyon dans les flots blancs du clair de nuit lunaire. Le vieux rêve de l’homme : avoir des ailes, est réalisé. Tamarix et Saint-Clinal en restent tout frémissants.

Lorsque le chevalier eut rejoint la décurie de