Page:Raymond Clauzel L'Ile des femmes 1922.djvu/178

Cette page n’a pas encore été corrigée
168
l’île des femmes

le figuier, l’ollivier des collines, les céréales des hauts-plateaux, proviennent de l’Europe. Enfin, la science, la mécanique, la physique, la chimie sont dans un état d’avancement qui nous laisse béats de surprise, nous les vieux civilisés.

« Comment expliquer cela ?

« Voici.

« Dès le début, la marine des Vénusiennes a dû être particulièrement développée, de façon à garder inviolable tout son horizon. Chaque fois qu’un vaisseau approchait, il était capturé avec tout ce qu’il contenait. Ainsi, dans les temps modernes, les femmes régnantes de l’île ont dû être renseignées, par les livres des prisonniers et autres documents, sur l’état de notre civilisation. Je ne crois pas me tromper en disant que les vaisseaux des amazones doivent encore accomplir des croisières de piraterie au lointain, pour saisir des bâtiments dans toutes les parties du monde. L’état-major de l’île est au courant de notre civilisation européenne et même de l’état des affaires dans chaque pays. Mais tout cela gardé jalousement secret par les savants spécialistes, seuls initiés à la connaissance du monde. Ces hommes extraordinaires se consacrent entièrement à leurs travaux, ayant pour compagnes, en général, les mères retirées de la cité de Vénus Génitrix.

— Comme c’est drôle ! fit le lieutenant, après avoir vidé une coupe du falerne de l’île. Qui diable aurait pu imaginer une société pareille !