Page:Raymond Clauzel L'Ile des femmes 1922.djvu/176

Cette page n’a pas encore été corrigée
166
l’île des femmes

cher. Tamarix souriait en songeant aux beaux jours qui s’offraient à lui.

Les repas sont pris, à Fons belli, dans de clairs réfectoires, où les amazones en tuniques légères se font belles comme des fleurs. Ce soir-là, par exception, on a servi le chevalier, le Révérend Père et le lieutenant dans leur pavillon. Repas silencieux presque, en raison des deux départs imminents. Cependant le Père dit :

— De mes conversations avec la Bellatrix dea, résultent pour moi des idées plus précises sur la civilisation singulière de cette île. Rien sur les origines toutefois. Comment cette matrie latine s’est-elle constituée ici, si loin de l’extrême rayonnement atteint par la civilisation antique, cela demeure un mystère inexplicable.

« Quant à la civilisation actuelle de cette surprenante colonie de femmes, je puis la discerner. Dans la cité de Vénus Victrix se trouvent la déesse, les prêtresses, le gouvernement, le collège des savants ; la cité de Vénus Génitrix est occupée par les mères, au nombre de dix mille, et les mâles reproducteurs. Les enfants sont sélectionnés : les filles d’un côté, les hommes de l’autre. Parmi ces derniers sont choisis, dès l’âge de douze ans, les apprentis des divers métiers, les agriculteurs, les futurs artistes, les savants. Chaque catégorie suit un dressage spécial. Au même âge, les jeunes filles sont triées : en futures mères, prêtresses,