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l’île des femmes

qu’ils viennent de se dire, d’être à être, durant ces quelques minutes d’absorption.

Pourvu de sa monture, un superbe bai brun luisant, à grande encolure, de l’équipement réglementaire et de ses armes, Dyonis, tout le restant de la journée, eut l’air pimpant et belliqueux d’un jeune cornette qui fait sonner ses éperons pour la première fois. Il cachait ainsi la joie secrète et jaillissante de son cœur, sans se douter que sa présence, ainsi que celle du lieutenant Tamarix faisait passer un frémissement parmi les amazones concentrées à Fons belli. Toute la journée, ces filles ardentes s’entretenaient d’eux, avec une sorte de désir inconscient dans le secret de leur cœur. Le chevalier était trop ébloui par l’image de Lydé, toujours présente en sa contemplation, pour qu’il aperçût les regards qui le sondaient et furetaient le lieutenant Tamarix jusqu’à la racine brûlante de sa sensibilité.

Et il allait rester seul, le beau lieutenant Tamarix, dans ces jardins pleins de femmes, impressionnées par le grand murmure de l’amour ! Ni Lalagé ni lui n’avaient pu obtenir la permission de faire partie des dix de l’expédition[1]. Lydé ne voulait point assumer une responsabilité supplémentaire, le tour de son amie n’étant pas de mar-

  1. La décurie comprenait, dans l’Île des Femmes, un effectif de dix-sept amazones, fournissant par roulement, selon leur état de santé, la décurie de combat, limitée à dix amazones, plus la décuria.