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l’île des femmes

l’instant le navigateur aventureux et le frère de cœur de tous ses Marseillais, Dieu soit loué !…

Regardant Tamarix, il ajouta :

— Maintenant nous avons un but : délivrer nos compagnons !

Le lieutenant, qui ne disait rien, venait d’effacer une larme en s’essuyant le front avec son mouchoir. L’homme du devoir, en ce moment, prenait résolument le pas sur le voluptueux amant de la beauté féminine. Il dit avec sincérité :

— Pourquoi ne nous emmenez-vous pas, mon Père ? Nous ne devrions point nous séparer. Nous sommes partis ensemble, ensemble nous devons mener toute notre aventure.

— C’est bien mon sentiment, répondit le Père Loumaigne en promenant un regard paisible sur les grosses fleurs pourpres et jaunes des calladium de la plate-bande, mais, en ce moment, j’accomplis une mission religieuse qui ne vous incombe pas. J’ai besoin d’être seul pour la mener à bien. D’ailleurs, il faut ajouter qu’un esquif de l’air, très léger, m’enlèvera cette nuit, dès le clair de lune, à travers l’espace. Trois personnes seulement peuvent y prendre place.

— Quel dommage ! quel dommage ! soupira Dyonis, les yeux étincelants. Ah ! être emporté par ces appareils vertigineux !

— Notre pilote, reprit le Père, une amazone de la légion Aéria, réputée pour son audace et son adresse, nous déposera, Lycisca et moi, sur une