Page:Raymond Clauzel L'Ile des femmes 1922.djvu/166

Cette page n’a pas encore été corrigée
156
l’île des femmes

Et voici, maintenant, que tout son être se dilate dans la suavité ambrée d’un bosquet d’orangers. Entre les feuillages, l’apparition en sa blancheur lactée du palais de la Bellatrix dea, jadis demeure de la Reine des Reines, lorsqu’elle quittait son temple altissime pour les champs. Architecture simple, fine, légère du temple grec, infiniment évoluée et transformée, selon son charme et sa grâce, par le génie féminin. Les sveltes colonnades du péristyle, ainsi que les colonnettes des terrasses à galeries, supportaient des entablements sans lourdeur, d’une élégante pureté de lignes. Sur la corniche de la dernière galerie, la plus surprenante sculpture en mouvement, toute une chaîne d’adolescentes aux voiles flottants cachant et découvrant des nudités liliales. Elles dansaient, les Koraï délivrées de la plastique immobile, la danse de la vie, tournant autour du toit, l’escaladant d’une ligne onduleuse et saltante, avec un tel rythme qu’on croyait entendre la musique qui en réglait les mouvements. Les unes élevaient en l’air des thyrses ou des javelots ; d’autres enroulaient à leurs corps des guirlandes. Certaines jouaient de la flûte ; les plus élevées menaient une ronde tourbillonnée autour d’un petit temple octogonal, garni de vitraux et portant à son faîte, en réduction, la même Venus Victrix que celle surmontant la cité des Femmes.

Dans les bosquets d’orangers, de citronniers et de bigarades, les villas des amazones, une par décurie, toutes blanches et roses. Les écuries, les