Page:Raymond Clauzel L'Ile des femmes 1922.djvu/162

Cette page n’a pas encore été corrigée
152
l’île des femmes

radis terrestre, les amants silencieux sculptaient la beauté divine de l’amour avec leur jeunesse irradiée.

Le lituus fit de nouveau entendre son appel, impatienté cette fois.

Et nunc et semper ! redit Lydé. Puis, s’adressant à sa compagne :

— Jurons que nous ne nous laisserons point séparer de nos compagnons !

Farouche, Lalagé arrangeant d’une main sa couronne d’hibiscus :

— Je le jure sur ma vie !

L’esquif de Néera apparaissait entre les feuilles.

— Ohé ! cria Lydé en se rapprochant de l’eau.

— Ordre de la Bellatrix dea, cria Néera dans ses mains en cornet.

Lydé sauta seule dans la barque et se porta au-devant de la messagère. Quand elle revint accompagnée de celle-ci, Lydé, pâle, lisait un message. L’ayant plié soigneusement et mis dans sa tunique, elle dit :

— Il faut rentrer.

Néera qui faisait des grâces aux Marseillais, avait un type de beauté dans le genre de celui de Lalagé, en plus brun encore. Noiraude, un soupçon de moustaches, de grosses lèvres sanguines, de fortes hanches et une haute stature. Ses yeux étaient un peu vagues, avec des prunelles incertaines, de telle sorte que ses regards semblaient bégayer. Elle re-