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l’île des femmes

major suprême. C’était mon amie. Elle ne l’est plus. N’ai-je pas été promue decuria avant elle ! Néera m’aime encore moins depuis que je vous ai amenés ici, hommes des pays lointains. Fuyons cette mauvaise ! elle doit m’apporter quelque nouvelle désagréable.

Tout en parlant, Lydé et Lalagé faufilaient la barque dans un sentier d’eau sur lequel retombaient les longs feuillages flexibles des fougères. Ensuite, ce fut un chemin liquide d’un vert sombre, sans contre-allée, sous des arbres gigantesques. Un baobab couvrait à lui seul toute une île de son feuillage cendré. Après, l’on arriva dans une éclaircie. Le terrain était gazonné. Le long de l’eau s’ouvraient des fleurs fantastiques, gigantesques, plus grandes qu’un parasol[1]. Tamarix et le chevalier ne purent retenir un grand cri de surprise devant cette monstrueuse floraison. Le canal devait être infréquenté, car la flore aquatique, arums et népenthès envahissait ses bords.

— Pauvre Onésime Pintarède ! s’écria Tamarix, s’il était là, comme il caresserait de sa langue le bout tombant de son long nez !

Lydé amarrait la barque.

— Descendons, fit-elle, nous allons nous asseoir dans le bois.

Les Marseillais se réjouirent de cette partie cham-

  1. La plante donnant ces fleurs de grandes dimensions est maintenant connue : c’est le Rafflesia arnoldi, découvert à Sumatra.