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l’île des femmes

manda Dyonis, attristé en songeant à la joie qu’eût éprouvée son bon maître Onésime Pintarède, devant tant de végétaux luxuriants.

— Pour la bona dea, pour la Vénus Victrix, répondit Lydé qui effleurait seulement l’eau avec les pales des avirons. Fons belli, à cause de ses eaux ruisselantes, de ses belles collines boisées et de sa tiédeur en hiver, était le séjour agreste de notre déesse. Depuis la guerre des Masculines et des Vénusiennes, Fons belli est la capitale des Masculines.

— Pourquoi ce nom de Fontaine de la guerre ?

— Autrefois, au commencement d’une guerre contre les hommes révoltés, les amazones s’y rassemblèrent avant de partir vers la région des cheminées fumantes. Au retour, victorieuses, toutes reçurent ici les eaux lustrales…

Lydé donnait des signes d’inquiétude en prononçant ces paroles. Elle regardait, au loin, l’esquif de Néera qui avait tourné aussi dans le canal d’Artémis.

— Elle nous cherche, fit Lalagé, que le lieutenant Tamarix couvait des yeux.

— Oui, répondit Lydé avec une contraction du visage ; on dirait même qu’elle nous fait des signes…

— Mais qui donc est cette Néera ? demanda Dyonis.

— L’une des secrétaires de la Bellatrix dea. Une ancienne compagne. J’étais avec elle dans l’état-