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l’île des femmes

Lydé tenait les rames relevées. Ses prunelles de saphir, devenues pâles, presque glauques, semblaient écouter, elles aussi.

Quand Dyonis eut donné son dernier accord, Lalagé se dressa à l’arrière et, véritablement grisée par une incantation inconnue, s’écria :

— Évoé ! c’est du miel, de l’ambroisie, un rayon de lune douce.

La barque se balançait mollement. Pâle, sans regards, Lydé buvait son délicieux silence. Elle soupira enfin, semblant éveiller à peine le songe fasciné de son âme :

— Dyonis au doux nom, je suis encore toute enchantée par ta voix.

Elle lui tendit ses deux mains. Ils se regardèrent, éblouis.

Toujours debout à l’arrière la brune Lalagé continuait :

— Les mots de votre langue ont une si jolie variété de sons : les uns vifs, vibrants ; d’autres assourdis, doux et fuyants comme un soupir.

Et parlant à Tamarix, en accentuant pour être comprise :

— Vous m’apprendrez le français ; je veux le savoir.

— Moi aussi ! s’écria Lydé aux belles tresses dorées, puis à Dyonis :

— Qu’est-ce qu’elle dit, ta chanson ?

— Que l’amour est joie et peine.