Page:Raymond Clauzel L'Ile des femmes 1922.djvu/156

Cette page n’a pas encore été corrigée
146
l’île des femmes

Elles le zézayaient gentiment, avec un petit frisson de voix enamouré.

Une fois en pleine eau, Lydé demanda à Dyonis de chanter un air de son pays. C’était presque une prière fervente.

— Si j’avais ma mandoline ! dit évasivement le chevalier.

— Et ceci ? demanda Lalagé, en soulevant le couvercle d’un coffre. Et elle présenta à Dyonis une lyre à trois cordes.

— Parfait ! répliqua le chevalier en grattant l’instrument de l’ongle.

Bon musicien, doué d’une voix au timbre caressant, le chevalier ne se fit pas prier davantage. Il chanta, en s’accompagnant :

  
       Plaisir d’amour ne dure qu’un moment,
       Chagrin d’amour dure toute la vie.

Pour la première fois, il palpitait de tout son être en psalmodiant la jolie chanson de Florian et c’est sur une chanterelle inconnue de son âme que la mélodieuse arabesque sentimentale de Martini se modulait.

En accentuant ces mesures :

 
       Tant que cette eau coulera doucement
       Vers ce ruisseau qui borde la prairie,
       Je t’aimerai, me répétait Sylvie…

il lui sembla que tout l’émoi de son cœur fusait en sa voix.