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xiv

LA VENISE DES FLEURS


C’était la première fois que les Marseillais voyaient Lydé et Lalagé habillées en femmes. Sous l’équipement militaire, leur effigie, marquée d’un signe de race altier, comme un faciès de médaille antique, ne semblait pas devoir se détendre dans les doux sourires défaillants des amantes. À présent sous le flottement transparent de leurs voiles bleus, toute douce et efflorescente apparaissait leur printanière féminité. Aussi bien que le chevalier, et quoique tanné par nombre d’épreuves sentimentales, le beau lieutenant Tamarix, devant elles, sentait son cœur fondre en une tendresse candide. Lui aussi, il était naïvement éperdu, avec cette ferveur balbutiante des lèvres qui soupire les hymnes sans paroles des premières amours.

Rieuses et gazouillant entre elles des confidences légères et furtives, les deux amazones, redevenues des vierges émues, rejetèrent leurs voiles pour préparer l’embarcation. Une légère tunique verte, brodée de lotus jaunes, à peine serrée à la ceinture, flottait sur leur chaste et jeune nudité. Les