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l’île des femmes

sire, du moins ce que je désire ne doit pas être possible, car je voudrais absorber mon ami, le posséder et le sentir en moi, comme ma pensée et mon sang. Que dis-je, Lalagé impossible ! Mais non, mais non, car il y est en moi ! En moi, je ne sens, je ne vois plus que lui !

— Être hantée par un homme, c’est grave pour une amazone.

— Et pour une femme ?

— C’est divin !…

Croisant son écharpe sur sa tunique, Lalagé, ajouta tout bas :

— C’est tellement divin que toutes nos compagnes nous envient. Si la Bellatrix dea n’avait point décidé que le Père ferait partie de son conseil et que ton Dyonis et mon Tamarix seraient nos compagnons d’armes, je crois que toute la Légion nous les aurait disputés. La centurione rousse aurait fait sien Tamarix et je crois bien que la consula ne t’aurait pas laissé Dyonis.

— Tu me fais peur, Lalagé.

— Trop tard. Ils sont nôtres.

— Comment ?

— Ne nous aiment-ils pas ?

Le front rougissant, Lydé soupira :

— L’amour, cet amour dont parlent les beaux vers latins que le chevalier nous a récités, c’est cela, cette joie tressaillante qui nous possède ?

— Oui, c’est cela, Lydé, cet adorable bonheur auquel nous sommes soustraites. C’est pour recon-