Page:Raymond Clauzel L'Ile des femmes 1922.djvu/150

Cette page n’a pas encore été corrigée
140
l’île des femmes

voudrons. Un jour, un jour de gloire incomparable, nous arriverons dans le vieux port de Marseille, avec l’un de ces puissants vaisseaux de l’île qui lancent de longs panaches de fumée. Ah ! nos Marseillais, comme il seront quinauds ! Et Monsieur votre père qui, attendant le retour de La Centauresse, nous verra sur notre fantastique frégate ! Quelle révolution dans la Marine française n’allons-nous pas produire ! Un seul de ces monstres de fer, avec ses canons formidables, suffira pour couler toute la flotte anglaise réunie. Ce qu’on rira !…

Après un silence, et montrant en plein sa magnifique denture, le lieutenant Tamarix demanda, affirmant en même temps la réponse :

— Quel meilleur plan de conduite concevoir ?

— En effet, fit le chevalier, nous ne pouvons rêver mieux. Mais nous devrons prendre des notes, car il faudra bien, un jour, que nous établissions la relation de notre merveilleux voyage.

— Ça, chevalier, c’est votre affaire.

— Et la vôtre, Monsieur de Tamarix, quelle est elle ? demanda Dyonis avec une naïveté feinte.

— Jouer mon rôle. Pour le moment, me faire aimer de Lalagé, car je l’ai déjà dans les veines. Je pense, d’ailleurs, que Lydé, mon chevalier, ne vous laisse pas froid.

Le chevalier s’empourpra dans sa réserve pudique. Il répondit cependant :

— Sa beauté me fascine.

Lydé et Lalagé avaient disparu maintenant der-