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l’île des femmes

en avait douté, l’allégresse qui le remua en apercevant soudain, à travers les bambous, deux péplos blancs qui flottaient gracieusement, aurait confirmé son enchantement.

— Ce sont elles ! dit Tamarix en allongeant le pas.

— Oui ! répondit Dyonis, les regards invinciblement attirés par la double vision.

— Ce bon P. Loumaigne ! dit le lieutenant en riant. En voilà un qui prend la vie au sérieux.

— Il faudra bien que nous fassions comme lui.

— Quoi !… catéchiser les Vénusiennes ? Ne vaut-il pas mieux les aimer !

— L’évangélisation n’est pas notre affaire, répondit sérieusement Dyonis. Mais, avons-nous quitté Marseille pour des marivaudages ? Je veux dire qu’il faudra faire quelque chose, nous rendre utiles…, enfin, quoi ! agir de telle sorte que nous puissions être fiers de nous.

— Jeune homme, répliqua Tamarix, jeune homme mon seigneur et maître, il y a temps pour tout dans la vie ! Celui qui est sur la mer tempêtueuse ne peut faire la même chose que lorsqu’il se promenait en oisif sur la Cannebière. Suivons au jour le jour l’extraordinaire aventure qui nous a jetés ici. Aujourd’hui, nous allons nous promener sur ces canaux fleuris avec Lydé et Lalagé. Jouissons de cette heure azurée. Demain s’il le faut, nous nous battrons comme des lions, contre ces affreuses Vénusiennes. Si les Masculines réussissent, nous serons des généraux, des ministres, ce que nous