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l’île des femmes

l’amour à son aurore et dans sa divine espérance, les enthousiasmait.

Ils marchaient vite et sans parler, tous les deux revêtus d’une toge de laine couleur garance, car ils avaient dû s’habiller à la mode de l’île, leur costume marinier n’étant plus mettable. D’ailleurs, dans la tunique légère, le maillot collant et l’ample manteau décoratif, ils se trouvaient fort à l’aise, plus beaux qu’auparavant. Avec son visage régulier, chaud, tendre encore de sa pure jeunesse, avec la souplesse de son harmonieuse prestance physique, le chevalier avait l’air d’un jeune dieu, tandis que le lieutenant Tamarix, noir de poil, barbu, avec son nez aquilin, son teint basané, évoquait plutôt la physionomie d’un consul victorieux, au retour d’une longue campagne de guerre dans l’Asie chaude et voluptueuse.

Comme ils s’engageaient dans le tournant de l’allée des bambous, apparut la haute silhouette du Père Loumaigne, vêtu d’une sorte d’himation en laine blanche, lui aussi ayant dû quitter sa soutane, brûlée par les sels de la mer.

Dyonis et son compagnon parurent contrariés par cette rencontre. Ils ralentirent le pas et se donnèrent un air de promeneurs innocents et oisifs.

— Où vont ces messieurs ? demanda paisiblement le Jésuite en tendant ses deux mains, l’une au chevalier, l’autre au lieutenant.

Incapable de mentir, Dyonis répondit :