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À FONS BELLI


Entre les bambous droits et noirs aux légers feuillages, nettement dessinés au bout de leurs fines brindilles, apparaissait la féerie rafraîchissante et vive du jardin des fleurs bleues, des fleurs jaunes et rouges épanouies à foison entre leurs chemins d’eau et leurs contre-allées dallées de marbre.

Le chevalier Dyonis de Saint-Clinal et le lieutenant Tamarix cheminaient avec une âme florale, tant ils étaient pénétrés de coloris limpides et de printanières senteurs.

La matinée, encore mouillée, s’ouvrait toute à la lumière dorée. Les miroirs d’eau, dans l’Éden lacustre, blondissaient sous le soleil. On eût dit que les feuilles chantaient, si nombreux étaient les oiseaux invisibles qui pépiaient, roucoulaient ou sifflaient leurs aubades.

Ainsi fleuris, épanouis, embaumés, illuminés, les deux Marseillais avançaient derrière le rideau de bambous dans un enchantement plus grand encore que celui de ce paysage d’aquarelle, car l’amour,