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l’île des femmes

chacune tenant sa monture par le bridon. Le Père Loumaigne profila de ce répit pour réciter un ave.

La petite troupe attendait sur le tertre, les regards tournés vers le chemin qui débouchait du bois et sur lequel se rapprochaient de plus en plus les foulées de chevaux bondissants.

Sa monture tournoyante encore dans l’emportement de la course, une amazone, dont le casque d’argent était surmonté d’une aigrette bleue sauta à terre, tandis qu’une autre cavalière, accomplissant la même voltige, prit les rênes aux mains de la première.

— La Consula ! dit la centurione rousse en passant auprès du Père Loumaigne qui venait de juger en chevau-léger, l’étonnante souplesse équestre des arrivantes.

Grande, maigre, brune, le front barré de sourcils noirs, l’ocrea, ou bottine haute, garnie d’éperons, la Consula s’avança vers le Père Loumaigne, impérieuse, altière, avec des regards qui semblaient briser les reflets miroitants d’une orgueilleuse lumière.

— C’est l’étranger ? demanda-t-elle à la centurione immobile comme une statue.

— Oui, Consula.

La consula salua en portant la main à la visière de son léger casque. Le Père Loumaigne s’inclina, tenant son grand chapeau à deux mains.

La consula dit tout haut à la centurione :

— L’île des lauriers-roses va être occupée par