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l’île des femmes

en s’étonnant de retrouver, de cette civilisation morte depuis tant de siècles, un fragment encore vivant dans cette partie de l’hémisphère sud connue depuis peu de temps et dont les anciens n’eurent jamais idée. Le fait, cependant certain, puisqu’il l’avait sous les yeux, lui paraissait inexplicable. Il fit remarquer encore aux amazones groupées autour de lui qu’elles étaient costumées et armées à peu près comme les légionnaires romains, au temps de Jules César.

Ployant son cep de vigne des deux mains, la centurione, excitée par ces révélations, s’écria :

— Alors, le vénusiaque serait la même langue que ce latin encore enseigné dans vos écoles et qu’un grand peuple parla jadis.

— Mais oui…

— Et vous croyez que nous ressemblons quelque peu à ces fameux Romains ?

— D’après mes premières remarques, votre colonie, à n’en pas douter, est romaine d’origine…

— Comme c’est curieux ! C’est bien la première fois que nous entendons parler du latin et des Romains. Jusqu’ici nous croyions que cette île était le centre et le noyau du monde, la Terre de la déesse Vénus, dont nous sommes les filles.

— Vos noms, reprit complaisamment le Jésuite : Lalagé, Lydé, Nééra, Myrtale, Cornélia, Claudia, Lycisca, ont été portés, jadis, par de nombreuses femmes romaines.