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l’île des femmes

Le P. Loumaigne avait mis son chapeau bas. Son imposante attitude, rendue volontairement solennelle, indiquait qu’il se souvenait de son passage dans le monde, jadis, vers sa vingtième année, lorsqu’il était aux chevau-légers, l’enseigne vicomte de Loumaigne-Orsan, S’inclinant à peine, mais avec une parfaite aisance, il répondit à la bienvenue laconique de la centurione :

— J’assure Votre Seigneurie que les hommes de ma race sauront rester dignes de la bienveillante hospitalité qui leur est offerte dans l’Île Femme.

Ondulant dans leurs grands manteaux orange, bordés d’un liseré pourpre, les Amazones étonnées s’écrièrent :

— Il parle notre langue !…

— Comme nous l’écrivons !…

— J’ai tout compris…

Levant la main, la centurione imposa silence à ses jeunes guerrières, dont elle continua, d’ailleurs, les propos :

— Oui, dit-elle s’adressant au Père Jésuite toujours révérencieux, oui, c’est fort surprenant que nous puissions nous entendre d’emblée. J’aurais cru que le langage des pays lointains différait absolument du nôtre.

— Il en est bien ainsi, répliqua le Jésuite.

En quelques mots, il expliqua ce qu’était le latin pour les peuples européens et la variété des langues étrangères. Aux femmes-soldats qui l’écoutaient avidement, le Père parla ensuite du monde romain