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LA CENTURIONE


Lalagé venait de sauter sur la rive d’un bond léger. La centurione, femme de haute stature, rousse de chair et de cheveux, écouta le rapport de la jeune légionnaire sans modifier la direction de son régard dominateur. L’impassibilité autoritaire de cette « capitaine » ne manqua pas de frapper le P. Loumaigne, redressé de toute sa taille, en assurant, pour la circonstance, un noble port de tête.

Lorsque l’embarcation eut touché la berge, le Révérend fut invité à descendre par l’officieuse Lalagé, qui surveilla elle-même ensuite le débarquement des prisonnières anxieuses. Déviant vers le Jésuite un regard, direct vraiment insoutenable, la centurione prononça ces paroles rassurantes, avec une brevitas toute romaine :

— Homme des pays lointains, le seul que nos yeux aient jamais vu, je suis fière que ma Centurie ait la bonne fortune de vous recevoir, la première, dans l’Insula Femina. Vous et, vos compagnons serez, pour toutes les Masculines, des hôtes sacrés.