Page:Raymond Clauzel L'Ile des femmes 1922.djvu/132

Cette page n’a pas encore été corrigée
122
l’île des femmes

Grand fut l’étonnement du Jésuite. Il ne pouvait concevoir que des hommes de science fussent les suppôts d’un régime antiphysique et arbitraire au suprême degré.

Il passa outre cependant, suivant son questionnaire mental.

— J’ai remarqué, quand vous alliez vous battre, qu’aucune de vous n’était munie d’armes à feu. C’est étonnant, avec les moyens dont vous disposez.

Une Vénusienne, soulevant son morne accablement :

— Notre religion défend l’emploi du feu autre part que sur l’eau. À terre, seules sont permises les armes à main ou de jet, où il n’y a ni feu au départ ni feu à l’arrivée. Même les machines qui ne peuvent être portées par une seule guerrière sont interdites.

Lalagé aux beaux sourcils intervint par ces paroles :

— Et les Masculines, elles aussi, observent cette prescription. C’est le courage, l’agilité, l’adresse, l’endurance des amazones qui doivent vaincre et non des engins sans âme.

— En cela, je ne vous blâme point ! fit le P. Loumaigne tout songeur.

L’embarcation approchait de la rive. Des amazones aux tuniques bleues sous des toges couleur orange étaient groupées sur la berge. En avant, une centurione, la poitrine écaillée d’or, tenait son cep de vigne.