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l’île des femmes

— Ah ! presser un enfant dans ses bras, le garder sur son sein comme font les reproductrices de la cité de Venus Genitrix !…

Frappant le plancher du talon de sa lance :

— Être des mères, voilà ce que nous voulons, avant tout !

D’une voix étouffée, le front sur leurs genoux, les Vénusiennes prostrées murmurèrent :

— Des mères ! des mères !…

La voix de ces femmes, ce cri de la femme fit tressaillir le P. Loumaigne. Comme il l’entendait cette plainte et cet appel venus des profondeurs émouvantes de l’être empêché de donner et sa fleur et son fruit !

Mais la curiosité resta plus forte que son émotion. Il demanda encore :

— Ces machines qui vont dans l’air et sous l’eau ; ces vaisseaux monstres qui marchent seuls ; ces canons formidables ; enfin, toutes les incroyables inventions qui font de votre île un pays si prodigieusement en avance sur le vieux monde, à qui les doit-on ?

— Aux savants qui peuplent la cité sainte, répondit Lycisca.

— Des hommes ! remarqua le P. Loumaigne.

— Oui, des hommes, intervint Lalagé avec une sourde haine dans la voix, des hommes, les pires ennemis des Masculines. Ce sont eux, surtout, qui veulent perpétuer le règne inique de la femme. Ils sont sans pitié !