Page:Raymond Clauzel L'Ile des femmes 1922.djvu/130

Cette page n’a pas encore été corrigée
120
l’île des femmes

grand chapeau noir en arrière, le Révérend Père déclara énergiquement que, loin d’être soumis à une si horrible rivalité, l’homme et la femme étaient des êtres complémentaires l’un de l’autre, des êtres confondus dans l’enfant né de l’union à laquelle ils sont prédestinés par le Créateur.

Pendant que ses compagnes baissaient silencieusement le front, revenue aux pieds du Révérend Père, Lycisca dit avec une douceur désarmée :

— Ainsi, vous donnez raison aux Masculines !

— Mais certainement. Leur révolte obéit à l’appel de la vérité humaine. C’est le retour invincible de votre race, soumise à une civilisation contre nature, à l’existence véritable, celle pour laquelle Dieu nous a créés et mis au monde.

Lalagé aux beaux sourcils, debout sur le plateau de proue, d’où elle surveillait les Vénusiennes, d’ailleurs tout à fait inoffensives, dit alors :

— Vous avez raison, mon seigneur Père Loumaigne. Vos paroles répandent de la lumière. Je vois ce que nous sommes. Dans le vide d’une ignorance absolue, on a mis pour nous des fantômes d’horreur, des croyances abominables. Là où il n’y a rien pour les autres humains, se trouvent les buts de nos existences égarées. Bref, nous vivons à l’envers. Je me suis dit souvent que l’homme devrait faire la guerre, gouverner, être maître des biens et la femme, sa compagne d’amour, la mère de ses enfants.

Les yeux brillants, dans une sorte d’invocation intérieure :