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l’île des femmes

épouvanté. Vous vivez à la fois contrairement aux lois de la nature et à la volonté divine.

— Alors, dans ton pays…

— Dans mon pays, les femmes sont des épouses et des mères.

Lycisca hésita puis, cachant son regard :

— Toi, tu as une femme, des enfants…

À son tour, le Père Loumaigne devint cramoisi. Cependant, il répondit posément :

— Non, moi je suis un homme du bon Dieu ; un homme qui a volontairement fait le sacrifice de son existence privée pour maintenir l’ordre religieux dans le monde. Il faut qu’il y ait entre l’humanité et son Créateur quelques âmes intactes, dignes de la suprême intercession, Nous sommes des guides spirituels, nous marchons en avant pour que nos frères ne quittent point la voie des destinées éternelles. Mais en dehors de nous, qui sommes peu nombreux, tous les autres hommes doivent s’unir, par le sacrement du mariage, à la femme qui sera la mère de leurs enfants, la gardienne du foyer, la compagne de leurs jours.

— Il nous est difficile de comprendre, objecta une autre Vénusienne, que des êtres aussi dissemblables que l’homme et la femme puissent vivre ensemble sans que l’un soit subjugué par l’autre. Leurs différences, à supposer qu’elles ne soient pas des inégalités, suffisent pour faire d’eux des ennemis naturels.

Debout, les deux mains dans sa ceinture, son