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l’île des femmes

trix. Celles-ci disent qu’hommes et femmes sont égaux et doivent s’entr’aimer,

— Et les autres ?

— Que l’homme est un être inférieur, presque une bête, en tout cas seulement né pour servir d’esclave à la femme, depuis que notre déesse a vaincu sa race brutale.

— Pourtant, chacune de vous n’a-t-elle point un homme pour père, donc pour époux ?

— Non ; nous naissons dans la cité de Venus Genitrix où il y a les Mères et les Élus. Ces derniers ne sont pas des hommes, mais des demi-dieux ; nés de Vénus, notre mère à toutes, la seule que nous connaissions. Tant que nous demeurons belles et vierges, nous restons des amazones. Après, on nous jette aux hommes des métiers ou des champs. Selon notre rang, notre grade, on nous donne de un à cinq hommes en toute propriété. Parmi eux, nous pouvons alors choisir notre préféré.

— Donc, vous avez des enfants ; vous fondez un famille ?

Lycisea rougit.

— Non, je l’ai déjà dit non…

— Ce n’est pas possible !

— Mais si ; avant que l’amazone aille habiter parmi les hommes, une opération l’a rendue inapte à la maternité. Je répète que les femmes de la cité de Venus Genitrix, seules, sont des mères.

— Mais c’est horrible ! s’écria le Père Loumaigne