Page:Raymond Clauzel L'Ile des femmes 1922.djvu/127

Cette page n’a pas encore été corrigée
117
l’île des femmes

— Lycisca ! répondit vivement l’amazone, avec des prunelles dardées, Lycisca, de la Légion amphitrite.

— Ah ! bien… dis-moi alors, Lycisca, qui adorez-vous dans cette île ?

La Vénusienne se leva, contempla pieusement la grande déesse qui fulgurait dans le lointain et, avec un commencement d’exaltation :

Venus Victrix !…

Le Père Loumaigne n’insista pas davantage. Il savait qu’on ne doit pas inquiéter les croyances des exotiques avant d’avoir gagné leur cœur.

Mais Lycisca reprit elle-même :

— Dans ton pays, la divinité n’est pas femme, d’après ce que tu nous as dit.

— Dieu est tout ! fit le Père Loumaigne.

— Et Venus Victrix, alors ?

— Tout pour toi, sans doute, mon enfant ; rien pour ceux qui croient à la vraie religion. Si… le souvenir d’un monde disparu, d’une antiquité qui fut, à bien des égards, la mère sublime de l’esprit humain, mais à laquelle il manqua, cependant, la Parole de Dieu !

Lycisca resta pensive sous la masse de ses noirs cheveux. Le Père reprit :

— Je t’expliquerai tout cela ; je te montrerai la lumière, la bonne vérité. Mais je voudrais bien savoir avant pourquoi vous vous battez entre femmes dans l’île ?

— Il y a les fidèles et les infidèles à Venus Vic-