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l’île des femmes

— Donc, fit Lalagé en étouffant un rire, il ne me reste plus qu’à me proposer pour être la compagnonne de celui qu’on nomme le lieutenant Tamarix. J’aime, d’ailleurs, sa belle barbe noire. J’aime le sourire brillant de sa bouche. J’aime le rayonnement des beaux diamants noirs que sont ses prunelles. Je vois en lui toute la beauté de l’homme.

— Et pour moi, ô ma sœur ! Dyonis au si joli nom est plus beau que la plus belle femme !

— Des hommes ?…

— Oui, des hommes !…

Lydé et Lalagé se regardèrent avec une certaine inquiétude.

— Mascouliné ! dit l’une.

— Mascouliné ! répliqua l’autre. Pourquoi attendrions-nous d’être vieilles pour connaître l’homme ? C’est monstrueux. L’amour c’est le bonheur dû à la jeunesse. Celle qui aimera un jeune homme épousera un dieu, au lieu d’être accouplée plus tard, comme les amazones déchues, à des esclaves abrutis.

Revenue auprès des Marseillais, Lydé leur dit, non sans cligner des yeux en regardant Saint-Clinal :

— Ma camarade me dit que nos sœurs les Vénusiennes seraient plus confiantes si le Père qui nous a si bien parlé les accompagnait sur l’autre bord. D’autre part, homme de Dieu, ajouta-t-elle en s’adressant au Jésuite, étant le plus âgé et par