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l’île des femmes

Il prit lui-même les épées aux mains indécises des Vénusiennes. Piquant alors leurs lances à terre, Lydé et Lalagé avancèrent, souriantes, vers leurs sœurs de l’Île. Elles se connaissaient du reste. Les Marseillais, étonnés, les entendirent s’appeler par leur nom. Il se produisit bientôt entre elles tout un brouhaha de paroles véhémentes, mais déjà réconciliatrices. Ayant gagné le combat sans le livrer, Lydé et Lalagé se montraient charmantes de naturel en leur humeur désarmée. Encore pâles et, sans doute, inquiètes, les deux Vénusiennes aux longs cils droits, aux regards encore inapaisés, questionnaient leurs compagnes sur les motifs profonds et le but réel de la révolte des Masculines. S’offraient-elles déjà à la conversion ? La détente de leurs physionomies crispées indiquait tout au moins que les rébellions du cœur ou de l’esprit cédaient peu à peu…

L’amazone que le P. Loumaigne avait pressée dans ses bras, sans tendresse, revenait vers le groupe parlant des femmes, d’un pas quelque peu brisé. Le Jésuite s’empressa auprès d’elle, lui tendit la main et la conduisit auprès de ses compagnes, en s’excusant d’une saute de brutalité qui fut nécessaire. Lalagé et Tamarix coururent vers la machine. Ils y trouvèrent la dernière Vénusienne à peine revenue de son évanouissement. Tamarix lui baisa la main. Lalagé la rassura si bien qu’elle osa sortir de son coin et se laissa conduire auprès de ses compagnes.