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l’île des femmes

siennes. Hommes des pays lointains, restez sur place.

Sans attendre de réponse, les deux guerrières se portèrent en avant, se couvrant de leur léger bouclier. Leur tunique hyacinthe flottait au vent de la course. Tout en elles était dardé : les yeux, le cou, le buste, la fine lance au bout du bras replié et serré au corps. Face à elles, cessant de ruser d’un arbre à l’autre, les Vénusiennes, rejetant leur casque, presque nues comme de jeunes guerriers galates, se jetèrent résolument au combat, leurs épées transformées en lames d’argent par la lumière matinale.

Tout autour, les petits singes grimpaient à l’extrême cime des arbres. Les perroquets se lançaient des uns aux autres, comme pierres, les éclats de voix cassée, En bas, le fleuve glissait son murmure dans un lit d’air bleu.

Dyonis et le lieutenant Tamarix s’élancèrent à la suite des Masculines. Mais déjà, à vastes enjambées, le P. Loumaigne les avait précédés. Il fut si rapide, qu’il se trouva, bras écartés, entre les combattantes, lorsque quelques pas seulement les séparaient du corps à corps.

Pax ! Pax Domini ! répéta-t-il en regardant tour à tour les Masculines et les Vénusiennes.

Profitant du léger temps d’arrêt produit par cette intervention, imposant et superbe, le P. Jésuite jeta son arme à terre, mit un pied dessus puis, levant en l’air son petit crucifix cloisonné, impérieux et pathétique, répéta :