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l’île des femmes

secousse il plaqua au sol la femme ennemie dont les yeux farouches s’écarquillaient d’effroi et de colère. Vivement le chevalier désarma l’amazone et, sans la frapper, gagna l’abri d’un arbre. Les deux Vénusiennes libres, levant leur glaive, se précipitèrent vers l’homme, transpercé de leurs regards homicides. Dyonis battit en retraite d’un arbre à l’autre pour se donner du champ. Il n’avait pas peur. Il combattait déjà pour vaincre. Une ivresse le gagnait. Il guettait la seconde qui lui permettrait de foncer et d’entrer à pleine lame dans la vie des combattantes. Il ne distinguait plus ni le sexe, ni l’humanité de ses adversaires. Elles étaient l’ennemi mortel, celui qui, homme ou lion, déchaîne toutes les forces combattives et meurtrières de l’être. Et comme nous pensons et sentons toujours ce que nous sommes, même extraordinairement, Dyonis jubilait de se révéler à lui-même dans cet état de violent courage qui contrastait tellement avec sa douceur habituelle.

Lydé et Lalagé, équipées pour le combat, bouclier et lance en mains, dévalaient de l’observatoire en clamant des cris de guerre, pendant que le chevalier rusait avec ses assaillantes. À leur tour, les Vénusiennes se hérissèrent de cris guerriers, mais en cherchant habilement une protection au plus épais des arbres.

Presque en même temps, herculéen et magnifique, le P. Loumaigne surgissait de la trappe,