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l’île des femmes

Dressé de toute sa haute taille et donnant sa voix de poitrine la plus retentissante, le Père Loumaigne, pareil à un prophète acculé par les méchants, fit barrage au danger avec ces fortes paroles :

— Malheur à qui touche aux hommes de Dieu !

Mais, l’entourant, menaçant de lui larder les côtes, deux farouches amazones obligèrent le Jésuite à marcher, et rondement, vers la machine infernale. Tamarix eut beau montrer ses dents étincelantes, son noir et brûlant regard, sous la pointe des épées de deux guerrières, il dut suivre le Père Loumaigne, qui avançait sous la menace, toujours imposant et digne. Dyonis, lui, n’était prisonnier que d’une seule Vénusienne mais, à la vérité, grande, robuste et fort agressive.

En un tournemain, le Père Loumaigne fut emboîté dans l’antre de la machine. Pour avoir voulu caresser d’une main enjôleuse le bras nu de l’une des Vénusiennes, le beau lieutenant Tamarix venait de recevoir sur la tête un coup d’épée, asséné à plat, qui lui fit voir plus de trente-six lumignons. Lui aussi ne tarda pas à disparaître par la trappe qui avait englouti la corpulence du Jésuite.

Distraite quelques secondes par cet incident, l’amazone qui tenait Dyonis captif laissa retomber son arme le long du corps. Furieux, l’œil aigu, profitant de cette négligence, ayant Lydé présente en son cœur, Dyonis bondit à la gorge de la Vénusienne avec la souple promptitude d’un félin. Doué d’une force physique insoupçonnée de lui, d’une