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l’île des femmes

— Païen ! que parlez-vous de vos yeux concupiscents, gronda cordialement le Père Loumaigne. Cette jeune femme mérite surtout l’effusion de nos cœurs. Ne nous a-t-elle point sauvés ? Ne nous a-t-elle point réunis à notre cher chevalier ?

Le précepteur embrassa encore Dyonis.

— Ô mon enfant, dit-il, quelle joie de t’avoir retrouvé ! Joie qui s’attriste en songeant à tous ceux de La Centauresse. Ah ! comme je regrette notre capitaine Le Buric et cet excellent maître Onésime Pintarède !…

Ils arrivaient dans la grotte.

Dyonis réprimait mal ses larmes. Brièvement, il narra son sauvetage. Tamarix, à son tour, dit comment le Père Loumaigne et lui s’étaient tirés sains et saufs de la catastrophe. Projetés en pleine mer par l’explosion, ils se trouvèrent côte à côte à la cime d’une vague. Ils purent échanger ces mots : « Nageons droit vers le rivage ; le flot nous pousse. » À bout de forces, le marin et le Père Jésuite arrivèrent presque ensemble sous un rocher surplombant. Ils restèrent ainsi l’un et l’autre, longtemps, essoufflés, engourdis. La bataille continuait au milieu d’éclairs rapides. La nuit était venue. Au large passaient des ombres fantastiques et tonnantes. Puis les coups de canon, les crépitations s’espacèrent. Bientôt, le grand ciel étoilé clignota dans le silence agité seulement par le bruit balancé de l’océan.

Le Père Loumaigne et le lieutenant Tamarix