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l’île des femmes

Le lieutenant et le Révérend sommeillaient encore lorsque Lydé, ayant ensablé sa barque et quitté ses sandales, arriva vers eux, criant dans sa main en cornet :

— Évoé ! Évoé ! Dyonis ! Dyonis !…

Le Père Loumaigne, le premier, dressa sa haute stature, en se frottant les yeux. Le chevalier, témoin rapproché de la scène par sa longue-vue, ne put s’empêcher de rire en voyant l’air ébahi du Père et l’éblouissement de Tamarix devant Lydé, demi-nue, souveraine et belle comme on imagine nymphes ou naïades.

Néanmoins, les explications furent brèves, car, presque aussitôt, les deux hommes, suivant la jeune amazone, guéèrent jusqu’à la barque et y prirent place.

Tamarix saisit les rames d’autorité. Après lui avoir donné le point de direction, Lydé s’assit à côté du Jésuite qui lissait avec perplexité sa longue barbe des deux mains.

Cependant, Lalagé arrivait dans la cage. Elle était très brune, les yeux veloutés et longs fendus, jeune comme Lydé, mais avec des lignes de beauté plus hardies, plus vives et d’un caractère davantage étranger encore aux types féminins de la vieille France.

— Ah ! c’est vous… l’homme des pays lontains.

— Oui, Lalagé, et je vous salue.

Tandis que deux prunelles liquides absorbaient