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l’île des femmes

— Oui, la mienne.

— Je pars, alors !

Dyonis se dirigeait déjà vers l’échelle.

— Non ! non ! fit énergiquement Lydé en l’arrêtant du bras. Je ne veux pas que tu coures ce danger.

— Pourtant…

Drapée fièrement dans son manteau comme un jeune guerrier de l’Iliade, Lydé continua :

— Je ne veux pas, Dyonis au doux nom, que tu risques d’être pris par les Vénusiennes. Ta vie est précieuse à mes compagnes, plus que la mienne. Reste ici. Observe bien le fleuve. En cas d’événement suspect, appuie trois fois sur cette manette. Tu n’auras plus rien à faire ensuite. D’ailleurs, Lalagé sera bientôt de retour. Je pars. Ce ne sera pas long.

Dyonis objecta encore :

— Mais, si mes compagnons, ne sachant pas à qui ils ont affaire, décampaient avant que tu aies pu les joindre !

Lydé sourit.

— Rassure-toi. D’abord, tes compagnons n’auront pas peur d’une femme seule. Ensuite, s’ils remuent, je crie : Dyonis !… Ils comprendront.

Avec quels tremblements au cœur, quelques instants après, le chevalier accompagnait du regard la barque qui portait une moitié si divine de sa vie ! Dépouillée de son manteau, Lydé ramait, bras nus, avec une souple et rapide vigueur.